Faux,  le taux d’abandon scolaire des filles n’atteint  pas 25% contre 15% pour les garçons  à Nola

Un post Facebook en juillet 2024 prétend que le taux d’abandon scolaire des filles atteint 25% contre 15% pour les garçons dans la circonscription scolaire locale de Nola, une ville de la RCA. C’est faux. Après vérifications de Centrafrique Check, le taux d’abandon des filles pour l’année 2023-2024 est de 4% contre 9% pour les garçons dans cette région.
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Le  22 juillet 2024, une information publiée  sur le réseau social Facebook  par   le  site d’information  centrafricain en ligne, Corbeau News, suivi par 31 000 personnes. 

« La déperdition scolaire des jeunes filles s’aggrave à Nola, dans la Sangha-Mbaéré : A Nola, dans la préfecture de la Sangha-Mbaéré, au sud-ouest de la République Centrafricaine, le taux d’abandon scolaire des filles atteint 25%contre 15% pour les garçons, d’après les données de la circonscription scolaire locale».

 Cette allégation totalise 11 j’aime, 5 commentaires et 2 partages, puis a été relayée par  la page Facebook « 236 News », le 22 juillet 2024 qui totalise 7,6 K d’abonnés. 

Vérification :

Joint au téléphone le 12 août 2024 l’inspecteur d’académie de la Sangha-Mbaéré, M. Abiatar Feikoumo reconnaît avoir enregistré quelques cas d’abandon de l’école de la part des jeunes filles dans la Sangha-Mbaéré. Mais il précise que les taux ne sont pas aussi élevés que ceux indiqués dans la publication. 

Il explique ainsi : « La déperdition scolaire ne manque pas dans tous les ordres d’enseignement, je veux parler de l’éducation préscolaire du fondamentale 1 et 2. Pour cette année, le taux est de 4% pour les filles  contre 9%  des garçons  au préscolaire ; et 4% des filles contre 17%  pour les garçons en 2022-2023 au fondamental 1 et 6% des filles contre 9% pour les garçons  en 2022-2023 ».

Il poursuit: « Il y a des filles qui abandonnent les cours par manque de volonté pour vaquer à leurs activités génératrices de revenus, il y en a celles  qui sont obligées  par les parents à aller au mariage à bas âge, d’autres refusent volontairement l’école, parce qu’elles ont évoqué comme raison le manque de moyen. Donc, nous nous sommes rendu compte qu’y a eu régression du taux de déperdition scolaire des filles à Nola par rapport à l’année dernière. »

Positions mitigées des autres acteurs du système éducatif à Nola

Prosper Boto,  directeur de l’école mixte Metezoua de Nola, interrogé,  rejette les chiffres publiés par Corbeaux News : « Non,  je ne confirme pas cette information parce que  l’année qui vient de s’achever, on n’a enregistré aucun cas, ni un taux croissant de la déperdition scolaire des filles. Sinon , nous avons constaté un taux élevé d’abandon de l’école de la part des garçons au niveau de CM2 qui évoquent le manque de  moyens ce qui les pousse à repartir sur les chantiers miniers. Mais dire que le taux d’abandon scolaire des filles atteint 25% à Nola ; non ce ne  sont  que des fausses informations ».

Il ajoute : «Ce sont des fausses allégations, par ce qu’il ne s’agit pas d’une information sûre. La préfecture de la Sangha-Mbaéré traverse des difficultés sur le système éducatif comme toute autre préfecture de la République Centrafricaine, mais dire que le taux de déperdition est très élevé à Nola est faux. C’est plutôt à Bayanga qu’il y a eu des cas d’abandon de l’école par les jeunes  filles qui sont dû aux grossesses non désirées ou mariages précoces mais cela ne couvre pas toute la préfecture ni à Nola. » 

Gilbert Assomo, président de l’union préfectorale de l’association des parents d’élève de la Sangha-Mbaéré complète : « Ces informations qui circulent sur les réseaux sociaux sont non fondées et des personnes mal intentionnées les font circuler pour salir l’image de Nola et de la Sangha-Mbaéré.»

Pour Guy Bruno Tchobo, enseignant à l’école Mambéré fille, aucun cas lié de déperdition scolaire n’a été enregistré : «on n’a pas eu un cas de déperdition scolaire de la part des jeunes filles. Au niveau de l’école Mambéré,  les filles se sont mobilisées massivement cette année».

 « Vous savez, c’est sur internet que les fausses informations et les rumeurs circulent le plus souvent. Moi qui suis élève au lycée préfectorale de Nola, je n’ai pas remarqué un seul cas de déperdition scolaire de la part de mes condisciples, on a tous été ponctuelles en classe jusqu’à la fin d’année », déclare Rebecca Service, élève en classe de seconde au lycée moderne de Nola.

Selon l’Unicef et l’Unesco, le système éducatif centrafricain se caractérise par des taux élevés d’abandon scolaire pour les enfants du primaire (6 à 11 ans) et du premier cycle secondaire (12 à 15 ans). Le graphique présente l’évolution du pourcentage de redoublants par année d’étude de façon générale. 

Cette information intervient suite à un nombre important  de cas d’abandon des cours de la part des jeunes filles à Bayanga et un  manque  criant d’enseignants qualifiés dans certains établissements scolaires dans les préfectures de la République Centrafricaine, notamment dans la préfecture de la Sangha-Mbaéré.

Conclusion : 

L’allégation selon laquelle le taux d’abandon scolaire des filles atteint 25% contre 15% pour les garçons, à Nola, dans la Sangha-Mbaéré, au sud-ouest de la République Centrafricaine est fausse, après vérification  faite par Centrafrique Check. Ce taux est en réalité de 4% pour les filles  contre 9%  des garçons  au préscolaire dans cette localité pour l’année 2023-2024. Et sur l’ensemble du territoire national, le taux de déperdition est de 17,75%  dont 14,42% des filles  et 21,52% pour les  garçons d’après les données de la  direction générale des études, des  statistiques et de la planification au Ministère de l’éducation nationale.

Par Doriane Chancella Pounoukoudou, journaliste Fact-Checkeuse  à Centrafrique Check

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