La République Centrafricaine a été plusieurs fois théâtre de coup d’Etat et des conflits armés à répétition, fragilisant son développement sociopolitique et économique. Dix ans après le coup d’État de la coalition Séléka en mars 2013, malgré de nombreux accords de paix. Le plus récent remonte au 13 janvier 2021.
Depuis début juillet 2024, une information circule sur les réseaux sociaux. Elle laisse croire que les présidents des jeunes islamiques centrafricains ont accusé le ministre de l’Élevage et de la santé animale, Hassan Bouba pour un complot. Sur le document, on peut apercevoir des signatures des leaders jeunes islamiques à Bangui et certaines localités à l’intérieur de la Centrafrique. Dans la note, il est indiqué que des jeunes leaders ont rallié le ministre Hassan Bouba pour déstabiliser le pouvoir en place par un coup d’État.
Publiée sur WhatsApp le 09 juillet 2024 avec mention « transférer de nombreuse fois ». Cette note est devenue très virale sur les réseaux, particulièrement dans les groupes WhatsApp en RCA, suscitant de nombreuses et vives réactions.
Voici le contenu du document: «Nous les jeunesses de la communauté musulmane de la RCA en générale, nous permettons de vous écrire afin de vous signaler un fait grave et le comportement fallacieux du ministre de l’élevage Mr Hassan Bouba et ces malfaiteurs qui voulaient organisé un coup d’état et poussé les jeunesses à prendre les armes avec la complicité des Russes noirs qui ont désarmé, y compris la jeunesse de KM5, Bambari, Ndele … pour préparer un coup d’état en cours contre le régime du Bangui… ». Cependant, les présidents de la jeunesse islamique centrafricaine contactés par Centrafrique Check parlent de manipulation.
Les réactions des présidents de la jeunesse islamique en Centrafrique
Le document n’est pas authentique
Contacté par Centrafrique check, le président national du bureau de la jeunesse islamique de Centrafrique (JICA), Aroufay Abedel Aziz, a déclaré : « le bureau exécutif de la jeunesse islamique de Centrafrique constate avec stupéfaction les propos très avancés dans un document prétendument adressé à son Excellence Professeur Faustin Archange Touadera, Président de la République par certains jeunes musulmans usurpateurs qui se disent leaders de cette jeunesse islamique. »
Il poursuit : « Le bureau voudrait aussi saisir l’occasion de rappeler que ces prétendants leaders et signataires de la fameuse note ne sont ni membres du bureau de la JICA, encore moins de ses organes décentralisés. Les auteurs, co-auteurs et les complices seront recherchés afin qu’ils puissent répondre de leurs actes inciviques devant les institutions judiciaires compétentes de notre pays. »
Pour Mahamat Nour, leader jeune et président de la jeunesse Islamique de Ndele, chef-lieu de la préfecture de Bamingui-Bangoran, à 669 Km de Bangui au nord-est de la Centrafrique, précise « le bureau dont ils ont parlé est dissout il y’a longtemps et n’a pas été renouvelé. Je précise aussi que personne dans l’ancien bureau a signé ce faux document, on est là pour la paix mais pas pour la manipulation politique. »
Selon Mahmat Hadji, président de la (JICA) Jeunesse Islamique de Bambari, ville de la préfecture de la Ouaka au Centre de la Centrafrique, situé à 384 km de Bangui, joint au téléphone, précise « Le CNJ est le bureau préfectoral qui regroupe tous les jeunes (musulmans et chrétiens). Tandis que JICA est un bureau de la jeunesse islamique regroupant uniquement les jeunes musulmans. Par rapport au cachet et la signature j’ignore complètement l’auteur et je n’ai pas mis ma signature sur un tel document ».
Quelques indices sur le caractère faux du document
Pour vérifier l’authenticité de ce document, voici quelques indices sur la note circulant dans les groupes WhatsApp en République Centrafricaine que Centrafrique Check a pu explorer. Après vérification faite, nous avons pu constater que les signatures et le cachet ont été imités par un seul imitateur avec le même stylo.
Contexte de la circulation du faux document
Cette information survient après que le ministre de l’Élevage et de santé animale, Hassan Bouba, signataire de l’Accord politique pour la paix et la Réconciliation en République Centrafricaine (l’APPR) du 6 février 2019, qui soutient les actions du pouvoir en place, a effectué des tournés ces derniers temps dans plusieurs localités à l’intérieur du pays, mobilisant la jeunesse centrafricaine en générale et la jeunesse musulmane en particulier pour instaurer la paix durable dans les 20 préfectures de la RCA, de promouvoir la cohésion sociale et vivre ensemble entre les deux communautés centrafricaines sur l’étendue du territoire centrafricain, selon ce dernier.
Après vérification faite par Centrafrique Check, le document prétendument signé par les leaders jeunes islamiques, est faux et non authentique.
