Faux, la Minusca n’a pas livré d’armes aux rebelles de la CPC à Bouar en RCA

Un post Facebook datant du 25 juin 2024 indique que la mission onusienne en Centrafrique, la Minusca, serait accusée d’avoir fourni des armes et des munitions de guerre par des contingents militaires aux combattants rebelles de la coalition des Patriotes pour le changement (CPC), à Bouar, par un avion type « MI-17 ». Il s’agit de manipulation et d’incitation à la haine selon la Minusca et les autorités centrafricaines interrogées par Centrafrique Check.
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La Mission des Nations Unies  sur le plan régional et en Centrafrique a comme mandat de garantir et d’assurer la protection  de la population civile face aux menaces des groupes armés non conventionnels. Cependant, partout en Afrique et particulièrement en RCA,  elle a  toujours été accusée  de soutenir les actions  et d’être souvent de connivence  avec des rebelles et d’avoir commis des exactions  et crimes odieux sur la population civile et vulnérable. Cette publication accusant la Minusca d’avoir fourni  des armes aux combattants rebelles de la CPC remet en cause la présence et l’efficacité de celle-ci sur le plan national et local.

Depuis plusieurs années (2014-2024), la MINUSCA  en République Centrafricaine est accusée de plusieurs exactions qui vont à l’encontre de la paix à travers des publications relayées sur les plateformes des réseaux sociaux et des sites d’information en ligne.

Ces derniers temps, des accusations çà et là fusent dans plusieurs localités à l’intérieur de la Centrafrique contre certains contingents de la mission des Nations Unies, d’appuyer des mercenaires étrangers en armes et munitions de guerre. Tel est le cas de cette nouvelle révélation faite à propos de la ville de Bouar, chef-lieu de la préfecture de la Nana-Mambéré, au nord-ouest situé à  440,2 km de Bangui,  accusant la Minusca d’avoir fourni des armes groupes rebelles de la CPC. Selon cette accusation, le 4 janvier 2024, un avion de la Minusca type « MI-17 », indicatif d’appel « 313P », numéro d’immatriculation « S3-APV », aurait transporté illégalement des mitrailleuses de gros calibres (vraisemblablement de fabrication française) ici.

Depuis le 25 juin 2024, une publication sur le réseau social Facebook , notamment  la page 236 Actu, le site web de Radio Lengo Songo, le 8 août 2024 , dans un article récent titré : « La MINUSCA continue de ravitailler les rebelles en Centrafrique », la page Facebook Nouvelles du Pays-RCA, et la page Sango Ti Kodro affirment que la Mission onusienne est accusée d’avoir fourni des armes aux combattants rebelles de la CPC.

La publication comprend plusieurs éléments d’accusations, elle soutient : « RCA : LA MISSION ONUSIENNE EN CENTRAFRIQUE EST INCRIMINÉE D’AVOIR FOURNIR DES ARMES AUX COMBATTANTS REBELLES DE LA CPC.  La Minusca, une fois de plus accusée d’avoir fourni  d’arme et munitions de guerre aux rebelles  de la CPC en République centrafricaine. Depuis plusieurs années déjà, en Centrafrique, la mission de l’Onu est accusée de plusieurs exactions qui vont à l’encontre  de la paix dans le pays. Ces derniers temps, des accusations fusent de certaines villes de provinces contre certains contingents de cette mission onusienne d’appuyer des mercenaires étrangers en armes et en munitions de guerre. Comme ce fut le cas de cette nouvelle révélation faite à propos de ce même sujet dans la ville de Bouar, chef-lieu de la préfecture de  la Nana-Mambéré… » Ici

Cependant, l’information est totalement fausse selon la Minusca, les autorités politiques et locales contactées par Centrafrique Check.

Réactions de la Minusca :

Le vol est conforme aux procédures établies et en toute transparence avec les autorités policières et militaires nationales

Contacté par WhatsApp , le jeudi 15 août 2024, Joël Ndoli Pierre , porte-parole de la Minusca par intérim , a déclaré « Ce vol effectué par la Minusca  de Bangui à Bouar, était un vol militaire prévu pour livraison de matériel appartenant au contingent sénégalais récemment d’une mission dans le Haut-Mbomou, conformément aux procédures établies et en toute transparence avec les autorités policières et militaires nationale, l’hélicoptère  de la Minusca avait pour mission d’atterrir à l’aéroport  du camp de la Minusca à Bouar ».

Il poursuit : « Tous les hélicoptères de la Minusca se dirigeant vers Bouar atterrissent habituellement à cet endroit, et cet hélicoptère a suivi cette procédure standard de déviation. Il s’agissait d’une opération routinière effectuée selon les procédures opérationnelles normales (SOP) et en totale coordination avec les autorités policières et militaires centrafricaines ».

Il conclut :  « Ces clarifications visent à assurer que le vol en question s’est déroulé dans le respect total des protocoles établis entre la Minusca et les autorités centrafricaines et qu’aucune brèche dans le respect de ces protocoles n’a été constatée. »

Positions des autorités locales :

Information fabriquée de toute pièce selon les autorités locales à Bouar

Le président de la délégation spéciale de la ville de Bouar, Dieu-Beni Massina, actuelle seule autorité compétente de  la préfecture  de la Nana-Mambéré, précisément à Bouar  en l’absence du préfet,  contacté par téléphone, se dit interloqué  : « C’est vous qui m’informez, je n’ai pas d’information ni été au courant de tels faits dans ma zone de juridiction. »

Réactions des autorités politiques centrafricaines :

Manipulation et incitation à la haine contre la Minusca selon les autorités  politiques centrafricaines

Par ailleurs, nous avons également pu contacter Maxime Baloulou, Ministre Chargé de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement qui indique : « Je n’ai aucune information de la part des autorités de cette localité à cet effet. Donc, il s’agit de la pure manipulation et incitation contre la Minusca.» 

En conclusion, le post affirmant que la Minusca est  accusée d’avoir fourni des armes aux rebelles de la coalition des patriotes pour le changement à Bouar, est faux après vérification faite par Centrafrique Check.

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